
* Patrimoine mondial de l’UNESCO ♥
Isfahan pouvait se résumer à ces 3 mots : mosquée, bazar, Abbasi. Je comptais lui consacrer un post pour entier tellement il y a à voir, à en dire, à montrer. Ville magique.
Pourtant l’arrivée dans la « moitié du monde » n’avait rien de féérique. Arrivés un soir tard, dans un stress routier digne des villes indiennes, nous nous sommes posé dans un hôtel pourtant « Top Choice » du Lonely Planet, sans charme. Petite déception de ce Totia Hotel mais le prix et la propreté étaient plus que raisonnable.
Un constat que je me suis fait dès mon entrée dans le hall de l’hôtel est que je venais de franchir un cran supplémentaire dans l’importance de la religion et forcément dans ma façon de me vêtir. Manches plus longues, foulard plus couvrant, pantalons plus larges. Les regards des femmes (en tchador) me l’avaient bien fait comprendre.
La religion toujours en ce vendredi. Lorsque nous sommes arrivés sur Naqsh-e Jahan Square (qui signifie « représentation du monde ») j’ai été subjuguée par la beauté de cette gigantesque place rectangulaire datant de 1602, bordée d’arcades et de portails grandioses, de 2 mosquées, de l’entrée du Bazaar-e Bozorg et d’1 palais. L’appel à la prière qui résonne dans les hauts parleurs de Masjed-e Imam a rendu l’atmosphère encore plus mystique. Cet appel n’est pas un prêche mais une chanson. Il allait durer 3 heures.



Ne pouvant pas y entrer ce jour-là (anniversaire de la mort d’un Imam et donc accès autorisé seulement aux fidèles) nous avons quadrillés le Bazaar toute la journée, déjeunés au Bastani, errés à l’ombre des arcades, avant de finir à l’heure du thé dans ce qui fut le caravansérail du Shah Abbas 1er, aujourd’hui un hôtel de luxe : Abbasi. C’est confortablement assise dans ce sublime jardin que j’ai pu observer les rencontres des Esfanaises, aux foulards tous plus colorés les uns que les autres, un concours de coquetterie et de piaillement C’était amusant de les écouter caqueter telles des poules, je ne comprenais rien mais je devinais les choses drôles, les blagues ou les ragots dans leurs rires déployés. Il devait s’en dire des bêtises (sur les hommes?) et j’avais l’impression de partager.
Le lendemain enfin nous avons visité la grande Mosquée de l’Imam (qui s’appelait Masjed-e Shāh avant 1979), elle n’avait pas quitté mon esprit depuis la veille. Ce géant portail bleu, couvert de faïences, que j’ai passé le regard vers le haut pour n’en rater aucune, pour pénétrer dans l’enceinte et là imaginer les milliers de fidèles qui y priaient la veille. L’endroit est subjuguant, je ne savais pas où regarder, je ne voulais pas en perdre une miette. Sous la coupole de l’Iwan Nord (porte) même sensation. Une sorte de vertige. Il fût bon de laisser s’arrêter le temps. J’avais du mal à quitter ce lieu saint. Athée, les lieux de culte me procure toujours cette plénitude. Allez savoir? Les architectes y auraient-ils saupoudré un soupçon de bien-être dans les ciments? Puis une autre mosquée : celle du vendredi. Plus vieille mosquée d’Iran, mais surtout un lieu sacré siège de 3 religions: un temple zoroastrien, une synagogue puis la mosquée telle qu’elle est aujourd’hui.
Il restait Masjed-e Sadr ou la mosquée du Sheihk Lotfollah pour finir. Trônant sur la place, celle que l’on aurait du visiter en premier s’est retrouvé relégué au dernier plan. Le meilleur pour la fin? C’est qu’elle est surprenante : pas de cour, un long couloir sombre, un dôme, pas de minarets. Mosquée privée à l’architecture simplifiée. On y resté des heures. Aussi petite soit-elle, c’est comme des gamins que nous avons joué avec les rayons du soleil qui s’y faufilaient, attendant que les spectres de lumière disparaissent… ou réapparaissent.


















Pour parfaire notre séjour esfahanais, c’est à l’hôtel Abbasi que nous avons élu un nouveau domicile et changé notre planning. Oui nous avons craqué non par un trop plein de minaret (rapport à notre routine mosquée/bazar/mosquée) mais pour un embourgeoisement. Abbasi est devenu notre havre de paix durant 2 nuits et 2 jours ; havre que nous n’avons peu quitter.
A Esfahan, il n’y a pas que des mosquées ou des bazars. Il y a aussi beaucoup d’espaces verts. Il y a le parc Bagh-e Shahid Rajai dans lequel les gens y picniquent (cette parenthèse mériterait un post entier sur ces champions du monde de repas en plein air), y font la sieste (moi aussi!) et qui abrite le sublime Palais Hasht Behesht et ses colonnes en bois. Il y a les promenades de part et d’autre de la rivière (sans eau) Zayandeh, sa succession de ponts qui l’enjambent. Il y a aussi le quartier Arménien, fief des orthodoxes iraniens.

Cette ville est riche. Riche d’histoire, riche de patrimoine, riche de gentillesse.
> Dormir à l’hôtel de luxe Abbasi qui se trouve être un ancien caravansérail du Shah Abbas Ier. Le calme de son jardin en pleine journée en comparaison avec les piaillements des Esfanaises à l’heure du thé vaut le détour.
> Goûter les Dolmehs et le Beryani du Naghsh-e Jahan Traditional Banquet Hall, assis sur les « takhts ».


> A faire : longer les quais de la Zayandeh River au coucher du soleil et flâner sur chacun des ponts datant tous du XVIe siècle. Esfahan en compte 9 mais 3 sont inratables : Pol-e Si-O-seh le pont aux 33 arches, Pol-e Khaju et Pol-e Chubi.




