
Cette fameuse moto, nous n’avions pas eu de mal à la dénicher le soir même de notre arrivée, chez Mukesh, l’indien le plus connu d’Inde pour ses motos. Mukesh a un garage spécialisé en Royal Enfield à la sortie (ou l’entrée) de la ville de Pushkar. Il nous en a proposé une jolie, bordeaux, avec quelques imperfections au niveau du design (car il faut croire que le style en Enfield est très important dans les yeux d’un homme). On l’a essayé le lendemain après-midi en allant vers Ajmer et en roulant à travers les plaines alentours. Sauf que le sentiment le plus incroyable de cette journée fût la non appréciation de ce moyen de locomotion. Hors de question de parcourir le Rajasthan la boule au ventre, la peur de tomber, de me casser les dents. Je n’étais pas à l’aise. La décision de finalement prendre le bus et de rendre la moto fût prise le soir même.
Or, nous avions laissé la moto aux garagistes pour la préparation (porte-bagages, ultime vérification mécanique etc…). Quelle déception pour eux quand le lendemain matin nous leur avons annoncé ma décision. Le bus étant le soir même, on m’a convaincu de retenter une balade. Le porte-bagage ayant été installé, l’arrière n’en serait que plus confortable. Je me suis laissée séduire. Souvent femme varie. Retournement de situation, cette frayeur qui m’avait habitée la veille s’était transformée en adrénaline, cheveux au vent et corps bien adossé. Encore une fois gêné, nous sommes retournés voir Mukesh pour lui annoncé ma nouvelle décision : j’étais venue ici pour parcourir le Rajasthan le fessier sur une Royal Enfield, je parcourais donc le Rajasthan assise sur une Royal Enfield.
Quand une nouvelle petite merveille de 1985 nous fît de l’œil. Malheureusement pas en location mais en vente. L’hypothèse de l’acheter, de rouler puis de la revendre à la fin de notre périple (ou même à tout moment si un éventuel acheteur nous proposait une offre convenable) pesa dans la réflexion.

Le road trip pouvait commencer.
© Instagram @itwia
Tomber en panne d’essence en Inde est folklorique.
- Sur une route en plein jour : un premier indien s’arrête, puis un second, au total 5 indiens vous encerclent. Il y a les curieux et il y a les généreux, ceux qui partent à la station essence la plus proche vous remplir une bouteille, reviennent, vous rende votre monnaie et vous proposent un bout de route ensemble.
- Devant un temple en plein nuit : attendre la fin d’une punjât (prière) et laisser vos hôtes se délester de leur propre essence pour vous donner l’équivalent d’une bouteille d’eau qui vous permettra de tenir jusqu’à la prochaine station. Vous tenterez de leur acheter leur essence, ce qu’ils refuseront puis vous proposeront de faire de cet argent une donation pour leur temple.
Tomber en panne mécanique en Inde est mémorable.
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A 30km de votre point final : pour immortaliser votre road-trip et votre engin, vous vous engouffrez dans les plaines sableuses de bord de routes. Vous vous enlisez. Un indien qui au loin avait observer la scène s’empressera de venir vous aider. Il tractera avec l’aide d’un ami et d’un câble votre moto, moins d’1km plus loin.Puis ces 2 messieurs téléphoneront dans un premier temps à un mécano. En vain. Ils appelleront dans second temps un autre indien. Bingo! Ce dernier arrivera sur les lieux avec un camion.Autour des 2 premiers indiens se grefferont plein d’autre indiens. Vous les penserez inutiles et bien trop curieux. Que nenni ; tous seront si utiles quand il s’agira de porter la moto à bras le corps dans l’arrière du camion.Après 1h de conduite chaotique
et interdite (le conducteur n’a pas de permis de conduire), assis à 2 sur un mono-siège, la moto déchargée au bon endroit, il sera temps (et tard) pour vous (nous) d’aller se coucher et d’attendre le lendemain patiemment pour connaître le mal de votre unique moyen de déplacement.
EPILOGUE
1700km parcourus, 42h assise sur une selle, des kilomètres de piste, 876 nids de poules (trous), des kilomètres de bitumes, 3 pannes d’essence, 1 panne mécanique, des centaines de camions TATA doublés, 5 bouteilles d’1L5 remplies de « pétrole », 1 disque de changement de vitesse changé, pas de roue crevée…
C’est avec beaucoup d’émotion et d’étonnement que j’ai salué notre moto. Moi qui était si frileuse lors de notre première virée, moi qui devient alors si malheureuse au moment de la quitter.
Un attachement matériel en lien avec tellement de souvenirs, de galère comme de surprise, de rencontres comme d’isolement.
#royalenfield #expérience
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Salut, super l’inde en moto, surtout sur une belle comme la Enfield…
Puis je te demander comment tu l’as revendue (facilement?) et à quel prix par rapport au prix d’achat?
Merci, A+