Aux portes du désert du Karakoum, située à 40km en bordure du fleuve Amu Darya (nom cher à mon partenaire), dans une oasis à 469km de Boukhara, Khiva (Xiva en ouzbek; خیوه en persan).
Selon la légende, Khiva fut fondée à l'endroit où Sem (le fils de Noé) creusa le puits de Keivah. Khiva fut, du XVIe siècle jusqu'au début du XXe siècle, la capitale du khanat de Khiva (qui était dans la région historique du Khorezm, longtemps royaume vassal de la Perse). Le khanat de Khiva (1512-1920) était l'un des trois khanats ouzbeks issus de la dislocation du khanat de Djaghataï, avec ceux de Boukhara (qui englobait Samarcande) et de Kokand. La région particulièrement aride a développé un système d'irrigation complexe à partir du IIe millénaire av. J.-C. et a été visitée par différents conquérants : Perses, Grecs, Arabes,Mongols, Ouzbeks. La Russie établit un protectorat du khanat de Khiva en 1873 avec le traité de paix de Guendeman.
#Itchan Kala
* Patrimoine mondiale de l’UNESCO
C’est dans la « Cité intérieure » que nous avons trouvé refuge, elle doit cette appelation aux murailles de brique hautes d’une dizaine de mètres. , Ultime étape des caravaniers avant la traversée du désert en direction de la mer Caspienne et de la Perse, elle sera aussi la notre avant notre demi-tour vers la case départ.
Notre exploration urbaine a commencé, une fois n’est pas coutume, par le symbole de la ville, Kalta Minor « Kaltaminâr« . Ce trapu minaret n’a en réalité jamais été achevé. Si tel avait été le cas, il serait aujourd’hui le plus haut de la ville, voir même du pays, mieux encore de toute l’Asie Centrale.
Selon l'historien de Khiva, Agakhi, la construction a dû s'interrompre à cause de la mort du khan Mohammed Amin en 1855. La légende affirme que l'émir de Boukhara, ayant appris que le khan de Khiva faisait construire un minaret de telles proportions, voulait aussi en faire construire un tout aussi unique à Boukhara. Il aurait donc commandé au maître d'œuvre de Khiva de se rendre à Boukhara après la construction du premier minaret. Mais le khan de Khiva aurait eu vent de l'affaire et ordonna de faire tuer le maître d'œuvre dès que le minaret aurait été terminé. L'architecte, ayant été mis au courant, s'enfuit aussitôt, en laissant les travaux inachevés. En réalité, les travaux s'interrompent car le minaret se serait effondré s'il avait été encore élevé.
Puis curieuse de comprendre le plan, il me fallait voir la ville d’en haut. Après une ascension rocambolesque des 120 marches du minaret Islam Khodj, c’est à 45m que je pû contempler la citadelle et la saluer. Vertigineux.
Vus du ciel, entre les dedales de ruelles surgissaient les différents monuments qu’il nous fallait visiter : le mausolée de Sayid Alaouddine et ses dizaines de tombeaux en contrebas, le mausolée de Pakhlavan Mahmoud dont le dôme turquoise le différencie de tous les autres, la mosquée Djouma (vendredi) et son toit plat soutenu par plus de 200 colonnes en bois (certaines datant du Xeme siècle!), le palais de pierre Tach Khavli ou encore Kunya Ark la vieille forteresse dans la forteresse.
De Kournia Ark à Tash Kauli, on ne trouve pas moins de 4 minarets, 6 mosquées, 6 mausolées et 24 madrasas.
> Acheter à la porte Ouest un ticket combiné pour tous les sites de la villes ou presque (billet d’entrée + autorisation pour prendre des photos = 24000 Soums / 8,50€ ) qui donne accès à la plupart des monuments de la ville fortifiée. Quelques soums de plus à ajouter pour certains sites.
> A faire : grimper sur les hauteurs des remparts au coucher du soleil.
> A shopper : des palas (petit kilim), des chaussons/chaussettes, des chaussettes en laine de chameaux …
> Dormir chez Meros Guesthouse, pour $30 la nuit, une pension familiale chaleureuse, dans laquelle il faut ôter ses chaussures à l’entrée et enfiler des chaussons/chaussettes (artisanat local, commerce equitable), dans laquelle nous avons pris tous nos repas assis autour d’une longiligne table d’hôtes, dans laquelle il fût bon de s’y lover après de longues journées dans le froid hivernal.
Khiva et sa petite surface m’ont permis très vite de faire de ce lieu, un endroit que je connais désormais comme ma poche. Khiva la solitaire, indépendante et accueillante. Un peu de moi en cette bourgade?
* Toutes les photos de moi ont été prises par Kares Le Roy.